La plupart des textes réunis ici ont été publiés dans des revues spécialisées. Quelques milliers de gens ont dû les lire et les jeter, ou bien s'en débarrasser le jour ou l'on fait la collecte de vieux papiers. Le monde est éphémère quand on écrit pour des magazines. La vie n'y dure que le temps d'une mouche de mai; et la mort, c'est de n'avoir aucun texte sous presse. Les meilleurs de mes enfants de papier se trouvent ici, rescapés parmi les tonnes d'ordures ménagères, sauvés de la flamme et de la fumée, ressuscités. ils sautent du haut des murs de la citadelle parce qu'ils croient que voler est une activité heureuse. Je les relis qu'aujourd'hui, et je m'entends dire dans une pièce vide: Quel joli texte, Richard! ou Ah, ça, c'est ce que j'appelle bien écrire! Ils me font rire, et parfois, par endroits, ils me font pleurer; pour ces deux raisons, je les aime. Peut-être un ou deux de mes enfants pourra-t-il devenir également le vôtre, vous prendre par la main et vous aider à toucher cette partie de votre demeure qui est le ciel.