Jude Langlois, tailleur de pierres, revient chez lui, à Montréal, après avoir passé dix ans aux Etats-Unis. Alice Roy, mariée à un riche commerçant, ne se souvient pas de lui. Ils ont pourtant grandi sous le même toit. Les parents d'Alice l'avaient engagé comme palefrenier. Un rapport trouble s'installe peu à peu entre cet homme, fier et rebelle, qui ne parvient pas à oublier son passé, et cette femme tourmentée et sensible, frappée d'amnésie. Qui est Jude ? Pourquoi s'est-il exilé ? Alice interroge ses amies d'enfance, sa gouvernante, et son professeur de peinture qui la guide le long d'un processus de création qui se révèlera crucial dans ce dialogue avec son inconscient. Chacun se débat avec lui-même, âprement, courageusement, pour sortir de son "enfer" personnel, reconnaître son désir et le réaliser. Dans ce roman historique, le thème de la mémoire acquiert une résonance mythique, car le "Je me souviens", la devise du Québec, ne cesse d'affleurer. Nous sommes en 1887, à la fin de l'ère victorienne, non loin des rébellions de 1837-1838, événement qui éveille encore chez Jude de pénibles résonances. Il en est de même du traumatisme personnel d'Alice, qui évoque celui de la Défaite, représentée sur une gravure ancienne. Un roman envoûtant où l'auteur fait dire à l'un de ses personnages : "Tout est passé. Le présent nous échappe complètement et l'avenir n'existe pas."